Tiennot Grumbach nous a quitté le 17 août, à
74 ans. Un ami, un camarade, au parcours atypique, au service
de ses convictions et des salariés. Avocat, il a participé
de façon active et efficace à la lutte contre les
discriminations chez PSA.
Un
parcours atypique
- Neveu de Pierre Mendes-France, Tiennot s'engage très
jeune dans la lutte anticoloniale. "Pied rouge", il
apporte un soutien concret au lendemain de l'indépendance
algérienne.
- En mai 68, il est en première ligne de la contestation
étudiante et fait partie des dirigeants du mouvement.
- Après 68, fidèle à ses idées,
il se fait embaucher comme ouvrier à Renault Flins. Il
sera licencié pour ses activités contestataires.
Un
avocat au service des salariés
- A 33 ans, il devient avocat, ouvre un cabinet dans la banlieue
parisienne et se consacre uniquement à la défense
des salariés et de leurs luttes.
- Il défend l'idée que "le fait précède
le droit" : pour lui, c'est la lutte qui permet de conquérir
des droits nouveaux.
- Avec son souci permanent de transmettre son idéal
et son savoir-faire il crée un collectif d'avocats en
droit social, partageant leurs expériences, formant les
plus jeunes et cherchant sans relache les meilleurs moyens de
défendre les salariés et de faire évoluer
leurs droits.
- Un de ses derniers combats a été la réhabilitation
juridique, plus de 60 ans après, des 3000 mineurs du Nord,
emprisonnés, licenciés, expulsés de leurs
corons, à la suite des grèves de 1948 : L'honneur
des gueules noires (retracé dans le film de Jean-Luc Raynaud).
L'ami
des salariés de Sochaux
- En 1998, la CGT de Sochaux, avec l'aide de Pascal Moussy,
a gagné plusieurs procès aux Prud'hommes et en
Cour d'Appel contre la discrimination syndicale qui fait rage
chez Peugeot. Mais la direction s'arc-boute sur son extrémisme.
- Tiennot nous propose une procédure innovante : Faire
convoquer par huissier les PDG (M. Calvet et Folz) et les principaux
dirigeants de l'entreprise devant le Tribunal correctionnel de
Montbéliard pour qu'ils répondent en personne de
leur délit.
- Branle-bas de combat à la direction PSA, ce n'est
plus l'entreprise mais chacun des patrons qui risque une condamnation
comme délinquant, comme de vulgaires voleurs de mobylettes
! La direction jette l'éponge et propose l'ouverture de
négociations.
- Ceux qui l'ont vécu se souviendront longtemps de l'assemblée
syndicale qui s'est tenue avec Tiennot, au siège de la
CGT de Sochaux, le 11 septembre 1998 à 5 H 30 du matin,
après une nuit de négociation et trois heures avant
le début programmé de l'audience au Tribunal, pour
mettre la dernière touche au projet d'accord avec la direction.
Une réhabilitation pour nos anciens, une garantie pour
les plus jeunes de ne plus avoir un salaire bloqué à
perpétuité ! Et pour tous les salariés,
le droit d'afficher ses idées et de s'engager sans sacrifier
sa carrière !
- Au-delà de ce succès, Tiennot ne nous laisse
pas le souvenir d'un avocat, mais celui d'un camarade convaincu,
déterminé, fraternel, ouvert, aimant débattre
et partager les bons moments, les discussions, autour d'un verre
ou d'un repas convivial.
Pour tout cela
et le reste, Tiennot, chapeau et merci !
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